Si proche, si loin
Evoquons un instant le temps des origines et celui des siècles, qui de traces en événements, marquèrent la mémoire de notre commune. Souvenons-nous, par exemple, de ce jour historique où :
Il n’y a pas si longtemps
Par lettres patentes du 3 août 1843, Charles-Albert, roi de Pièmont-Sardaigne, décidait que le village d’Ambilly, séparé de Gaillard, constituerait une commune. Se doutait-il alors, en ce XIXe siècle conquérant, que ce nom et cette communauté, à qui il donnait désormais une existence officielle, surgissaient du fond des âges ?
Mais, commençons par le début, ou presque
Le nom de la commune d’Ambilly provient très certainement de la présence sur ce sol allobroge d’une villa gallo-romaine dont l’heureux propriétaire aurait été un certain Ambiliacus.
Une présence probablement pas isolée : des fouilles récentes ont mis à jour les vestiges de l’aqueduc qui amenait l’eau des Alpes et plus particulièrement celle des Voirons à Genève (eh oui, déjà à cette époque).
Où du sein de l’église
Le 17 juin 859, le roi Lothaire restitue à Isaac, évêque de Langres, le domaine d’Ambilly qui reste bien épiscopal jusqu’en 1022, date à laquelle il est cédé au comte Humbert aux blanches mains.
Au début du XIVe siècle, lorsque Annemasse est rattachée au Faucigny, Ambilly est propriété de l’évêque de Genève avant de passer à ses comtes, puis de devenir savoyarde et unie au mandement de Gaillard.
Pendant près de trois siècles le domaine d’Ambilly restera une possession seigneuriale de la famille du Clos.
Et du temps de la trouble renaissance
En 1536, comme le reste de la région, elle a la visite, les armes à la main, des Genevois, puis bientôt des Bernois qui la contrôlent pendant une trentaine d’années, et propagent la religion de Farel et de Calvin.
1590 : nouvelle épreuve pour les Ambilliens mis à sac par les troupes du duc de Savoie.
Le voyageur empruntant la route de Genève en direction de Moillesulaz peut remarquer encore aujourd’hui, au milieu d’un mini espace vert, une croix de granit commémorative. En ce lieu, le 8 septembre 1597, à l’issue de l’oraison des Quarante Heures et de la vaste procession qui s’ensuivit, fut plantée, face à Genève réformée, une croix, symbole de la reconquête des âmes par Saint-François de Sales.
Mille six cent-deux, samedi 11 décembre, 19 heures, les porteurs d’échelles de Charles-Emmanuel traversent le Foron à moins d’une lieue d’Ambilly, direction Genève. Ce soir-là cé qu’é laino n’était pas avec eux, Dame Royaume ne dormait que d’un œil.
Ambilly enfin existât !
En 1816, le traité de Turin ampute Ambilly de la plus grande partie de son territoire. A droite du Foron, une zone presque exclusivement agricole comportant les communaux est donnée à Vandoeuvres, elle sera ultérieurement divisée entre Chêne-Bourg et Thônex. A gauche, le hameau reste en Savoie.
Rattachement à la province de Chablais, à la province puis au district de Carouge, à l’arrondissement de Genève, de nouveau à la province de Carouge, à celle du Faucigny, puis l’arrondissement de Thônon avant de faire partie de celui de Saint-Julien : de quoi y perdre son savoyard…
Alors, une bonne fois pour toutes, merci Charles Albert !!!
Extrait du « Passé simple » de Gilbert Taroni.